Y a pas à dire...

... ou mieux dit par d'autres

Jean-Baptiste Andrea

Mimo Vitaliani n’a pas grand-chose pour lui, il est de taille plus que petite, il est ingrat, il est inculte, il est pauvre, il vit chez un oncle alcoolique qui le brutalise. Sauf qu’il a un talent extraordinaire, il est un sculpteur de génie. Viola Orsini, elle, a tout pour elle, elle est grande, elle est belle, elle est intelligente et brillante, elle est fortunée, elle est promise à une vie bien protégée dans l’aristocratie génoise. Dans l’Italie de l’entre-deux guerres, puis sur fond de fascisme ensuite, se poursuit une amitié ardente quoique platonique alors même que ces deux personnalités si différentes n’auraient jamais dû se rencontrer. Depuis leur premier moment dans le cimetière de Pietra d’Alba à l’âge de treize ans, malgré des brouilles plus tard entre eux, ils s’échangent continuellement des messages, la jeune femme fournissant souvent à son ami des livres d’art tirés de la bibliothèque familiale. Les parents de Viola qui ont compris le talent fabuleux de Mimo lui permettent bientôt de nombreuses commandes pour les grandes familles de Gènes et les institutions locales. Mais la pièta que le jeune homme exécute pour le Vatican est jugée trop choquante par les autorités religieuses, celles-ci préfèrent plutôt la soustraire aux yeux des foules. Sa dernière œuvre jamais dévoilée le fait se retirer pendant quarante années dans un monastère non loin de Turin où elle est retrouvée en 1986, le vieux sculpteur l’ayant veillée parmi les moines, le « elle » du titre, jusqu’à sa mort.

« L’amour ne connaît pas les classes. Entre l’aristocrate Viola et le modeste Mimo va se nouer une relation intense et platonique qui va durer des décennies, faites de retrouvailles secrètes dans le cimetière de Pietra d’Alba où elle écoute les morts. Elle lui glisse un premier ouvrage sur Fra Angelico tiré de la bibliothèque de son père, il lui sculptera un ours dans le marbre pour son anniversaire. Car une ourse se trouve aussi dans le tableau, et au village, on prétend que c’est Viola, un peu sorcière. » 1

« Quelle drôle de fille, cette Viola Orsini, jeune héritière grandissant, au début du XXe siècle, à l’ombre d’un palais génois. Elle dévore les livres de la bibliothèque paternelle. Se réfugie la nuit dans le cimetière pour communiquer avec les morts. Et a même la réputation de se transformer en ourse si on l’approche d’un peu trop près. Mais quel drôle de garçon également que ce Mimo, diminutif de Michelangelo Vitaliani. Il est aussi petit de taille que Viola est grande. Aussi pauvre qu’elle est riche. Aussi inculte qu’elle est savante. Mais si elle a une intelligence hors du commun, lui a du génie entre les mains. Il sculpte les divinités comme un dieu et deviendra l’artiste que toute la riche et la sainte Italie s’arrachera. » 2

« En 1986, dans un monastère situé près de Turin, en Italie, un vieil homme, « mort depuis longtemps », rend son dernier souffle entouré des moines qui l’ont hébergé pendant 40 ans. Un criminel, un réfugié politique, un défroqué ? En réalité, Michelangelo Vitaliani, que tout le monde appelait Mimo, était là pour « veiller sur elle ». Elle, c’est la dernière statue qu’il a sculptée, une pietà scandaleuse — Marie tenant sur ses genoux le corps du Christ descendu de la croix —, cachée dans les caves du monastère par le Vatican pour en limiter l’accès. » 3

« En 1986, Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, sculpteur de génie, rend son dernier souffle dans une abbaye perdue sur le mont Pirchiriano, dans le Piémont. Il n’a jamais été ordonné, mais partage la vie des frères depuis quarante ans pour « veiller sur elle », sa dernière oeuvre : une pietà mystérieuse cachée à l’abri des regards. Soixante-dix ans plus tôt, rien ne prédestinait Mimo et Viola à se rencontrer. Lui, rital né en France, condamné à mesurer 1,40 mètre, orphelin de père durant la Grande Guerre, est envoyé à Pietra d’Alba chez un oncle tailleur de pierre alcoolique et brutal, qui, furieux de voir débarquer un « nabot », en fait son esclave. Elle, fille unique de l’aristocratique et richissime famille Orsini, est élevée dans l’opulence et l’idée d’épouser un jour un homme digne de son rang. La belle et la bête… Pourtant, lorsqu’ils se croisent, chacun reconnaît en l’autre ce même refus d’un avenir imposé par leur naissance. » 4

« Né en 1904, pauvre et atteint de nanisme, Mimo Vitaliani est placé en apprentissage chez un oncle à Pietra d’Alba où il se lie d’une amitié tumultueuse et fusionnelle avec Viola Orsini, brillante aristocrate qui rêve de voler de ses propres ailes plutôt que d’être assignée au sort des femmes de son milieu. Grâce à la famille Orsini, qui a détecté son talent exceptionnel, la carrière de Mimo prend son essor. Des commandes affluent du Vatican et du gouvernement fasciste. Viola, pendant ce temps, a dû renoncer à ses rêves d’émancipation et se plier aux conventions. On lui a fait épouser un riche avocat. » 5

« Lui, c’est Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, fils d’un sculpteur immigré en France et tué pendant la Grande Guerre, que sa mère envoie vivre chez un oncle dans le petit village de Pietra d’Alba, en Italie, où il doit apprendre le travail de la pierre. Il a du génie. Mais on le méprise, car il est atteint de nanisme. Elle, c’est Viola Orsini, héritière de l’une des plus grandes familles de la région, mais dans un monde qui n’offre la puissance, le savoir et la justice qu’aux hommes. La première rencontre entre Mimo et Viola se joue en pleine nuit, dans le cimetière de Pietra d’Alba. La relation qui s’installe entre eux, à la vie à la mort, entre la disgrâce de l’un et la beauté de l’autre, a des airs de sortilège. » 6

Veiller sur Elle de Jean-Baptiste Andrea, Éditions de L’Iconoclaste

1 Frédérique Roussel, Libération, 8 novembre 2023

2 Marie-Aimée Bonnefoy, Charente Libre, 28 octobre 2023

3 Christian Desmeules, Le Devoir, 7 octobre 2023

4 Marie Rogatien, Le Figaro Magazine, 6 octobre 2023

5 Véronique Cassarin-Grand, L’Obs, 5 octobre 2023

6 Élise Lépine, Le Point, 31 août 2023

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