« In terra pax hominibus bonae voluntatis. Dona nobis pacem » est gravé sur les planches d’un banc isolé au milieu d’une lisière sur lequel deux destins vont se dessiner sans jamais se côtoyer. Cette citation de paix pour des hommes de bonne volonté est inscrite à dessein en latin pour échapper à la compréhension des impériales autorités despotiques du Japon en guerre par le médecin de campagne à la mort de son fils. Ken Mizutani, le jeune prodige du violoncelle revenu de ses études musicales à Paris afin d’être enrôlé dans l’armée nippone vient s’y asseoir par chance pour pratiquer son instrument, il perçoit en la formule latine le seul espoir de raison face à la dégringolade irrationnelle et suicidaire que son pays poursuit. La dernière nuit précédant son enrôlement avec la luthière française installée tout près entraîne non seulement la naissance d’un fils, mais permet aussi le retour en Suisse du Matteo Goffriler prêté au jeune virtuose lors d’un prestigieux concours gagné par celui-ci à Lausanne avant son retour au pays. Ce même violoncelle fait se retrouver les descendants des personnages premiers du roman lors d’un concert au Japon terminé par Le Chant des Oiseaux de Pablo Casals.
« Sous la plume de Mizubayashi, la grande musique éclate et transporte, elle a pour effet de créer des ponts entre les hommes. Quand le jeune Ken Mizutani est envoyé en France pour étudier, quand il remporte le concours international de Lausanne pour son interprétation du concerto d’Elgar, il nous rend soudain le Japon proche et fraternel, grâce à la communion qu’il réalise. Hélas, l’air du temps en décide autrement : la guerre éclate, et le Japon rejoint le camp de l’Axe. Au diable Schubert et Bach, qu’il avait tant de plaisir à interpréter avec ses amis de la Petite Bande, l’époque est au clairon et aux discours martiaux. Ken aura à peine le temps de jouir d’un Goffriller, violoncelle conçu par un artiste du XVIIIe siècle, pas davantage celui de goûter fugitivement à la douceur de l’amour avec la belle Hortense, il est mobilisé et meurt. » 1
« Ici, un musicien est anéanti. Jeune violoncelliste nippon formé à Paris dans les années 1930, Ken, de retour dans son pays, est fauché par la guerre suicidaire livrée par le Japon aux côtés de Hitler. Avant de rejoindre l’armée fanatisée de l’empereur Hirohito, le virtuose passe une nuit d’amour avec son amie Hortense, une luthière française. Au moment de partir, il lui laisse son précieux violoncelle Goffriller et une lettre, que la jeune femme dissimulera dans l’instrument. » 2
« Dans cette nouvelle histoire, le violoncelle n’est pas maltraité. Mais son âme – ainsi que l’on nomme la pièce en épicéa à l’intérieur de la caisse de résonnance – s’est fêlée lors d’un concert donné en octobre 2016 par un autre virtuose, de fiction celui-ci, Guillaume Walter. Il revient à une jeune luthière de démonter – détabler – le violoncelle pour la changer. Mais pourquoi la jeune femme est-elle si fortement troublée par cet objet qui lui semble mystérieusement familier ? Et que cache cette entaille creusée, comme un blasphème, dans un tasseau de ce bois si précieux ? »3
« Au départ de l’histoire, un magnifique violoncelle du XVIIIe siècle, que confie, en 1945, le jeune Ken Mizutani à son amante française, la luthière Hortense Schmidt, avant de partir mourir à la guerre… Cet instrument précieux, qui contient un secret, est au cœur d’une enquête romanesque et familiale, mélomane et savante, presque didactique parfois, entre Tokyo et la France. L’auteur y interroge l’idée de transmission, racontant une passion matérielle pour la musique, sa résonance dans le corps des interprètes, le bois, les cordes, la vie physique de l’instrument. » 4
Suite Inoubliable de Akira Mizubayashi, Éditions Gallimard
1 Étienne de Montety, Le Figaro, 27 septembre 2023
2 Philippe Chevilley, Les Échos, 11 septembre 2023
3 Pierre Vavasseur, Le Parisien Week-End, 6 octobre 2023
4 Fabrice Gabriel, Le Monde, 25 août 2023