Y a pas à dire...

... ou mieux dit par d'autres

Zabou Breitman

Elle fume, elle boit, elle parle, beaucoup, elle engueule ceux aux déjeuners de l’Algonquin où elle a co-fondé le Round Table club, elle dénonce et tape sur la société newyorkaise, elle est Dorothy Parker. Surtout, elle écrit. Articles, critiques, pamphlets, scénarios, poèmes, son humour et sa mordacité sont redoutables. Écartée de Vanity Fair, elle co-fonde très vite The New Yorker, avec là de nouveau de belles occasions de boire du Scotch Haig & Haig en compagnie d’Ernest Hemingway, de F. Scott Fitzgerald, de Groucho Marx, et bien d’autres. Dans Dorothy, le spectacle écrit et joué par Zabou Breitman, l’actrice et réalisatrice raconte, seule sur scène, les exubérances et les tourments de Miss Parker. Les anecdotes, la plus rocambolesque sur l’abandon pendant plusieurs années des cendres de la poétesse derrière des dossiers, se joignent aux nouvelles actées avec tendre émotion, soit avec la simplicité scénique d’un banc sur lequel s’alternent superbement les dialogues entre un couple qui descend en alcool, soit lors d’un dîner en ville où rien ne se passe d’autre que l’ennui et l’insignifiance, ou encore avec l’espoir d’un appel près d’un téléphone que Dieu refuse de faire sonner. L’incontrôlable fou rire d’Elvis Presley sur Are You Lonesome Tonight ponctuant la trompeuse attente.

« Poétesse, scénariste pour Hollywood, plume caustique du Vogue Américain, critique de théâtre du New Yorker, Dorothy Parker est une légende. Devenue figure iconique de la critique new-yorkaise radicale dans son travail, comme dans sa vie, fumant, buvant, courant aux spectacles. Ses traits d’humour, son ton acéré, mordant, son regard sans concession sur la société américaine conservatrice et urbaine du XXe siècle dans ce qu’elle a de plus hypocrite, font d’elle un personnage unique. Féministe, défenseur des droits des Afro-Américains, elle léguera à sa mort sa fortune, les dettes en moins, à Martin Luther King, qu’elle n’a jamais rencontré mais dont elle admire les combats. »  1 

« On découvre par exemple que les cendres de la poétesse américaine, plume du journal The New Yorker, ont été oubliées dans le tiroir d’un bureau pendant de longues années. Entrée en matière surprenante. Mais, si l’entame de la représentation est un rappel biographique, la suite ne s’apparente pas à un « biopic ». » 2

« Dorothy Parker, poétesse, scénariste, chroniqueuse dans des revues comme le New Yorker, naît en 1893 et meurt terrassée par une crise cardiaque, en 1967. C’est seulement en septembre 2020 que ses cendres ont enfin trouvé le lieu de leur repos éternel. Ainsi peut se résumer la vie de ce personnage à qui Zabou Breitman a voulu rendre hommage. Sans cérémonie, mais avec humour, à l’image de cette autrice à la très forte personnalité qui aimait la vie, les Martini, les hommes. » 3

« Mains croisées, déambulant sur la scène, telle une conférencière, Zabou Breitman raconte l’incroyable histoire de l’urne qui contenait les cendres de Dorothy Parker oubliées pendant de longues années, puis interprète à tour de bras des êtres cabossés, excentriques, égocentriques, souvent solitaires. Et portés sur la bouteille. À l’instar de leur auteur. Qui n’en était pas moins une plume affûtée et redoutée du New Yorker. » 4

Dorothy de Zabou Breitman, Théâtre du Petit Saint-Martin, 5 octobre – 18 novembre 2023

1 Olivier Frégaville-Gratian d’Amore, Transfuge, août 2021

2 Joêlle Gayot, Télérama, novembre 2021

3 Gérald Rossi, L’Humanité, juillet 2021

4 Nathalie Simon, Le Figaro, septembre 2021

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