Y a pas à dire...

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Jean-Christophe Grangé

Le Berlin aux relents nazis derrière lui, Jean-Christophe Grangé revient avec un thriller dans une autre période d’histoire récente. Mai 68, les barricades, les lacrimos, la révolte contre l’ordre installé, les confusions de la gauche, les fréquentations maoïstes, l’embrasement des libidos, Paris est en effervescence historique. Jusqu’à un meurtre en plein cœur du Quartier Latin. La jeune femme est horriblement mutilée, son cadavre est retrouvé dans une étrange position de yogi. Un copain, Hervé, grand gars plutôt émacié, qui la découvre ainsi, se lance avec sa petite amie Nicole et son demi-frère Jean-Louis, policier depuis peu, dans une enquête d’abord à Paris puis bientôt vers les sources mêmes du yoga. L’Inde et ses clichés flegmatiques autant que ses impénétrabilités culturelles propose vite aux trois français d’autres manières de considérer la réalité des choses. Les turbulences révolutionnaires de la capitale, les détails horrifiques de l’assassinat de la jeune étudiante se confrontent à différentes notions de vérité et de liberté sur ces terres aux communautés multiples et aux rituels sociaux complexes.

« Un meurtre sale. Celui de Suzanne, une étudiante parisienne, à peine descendue des barricades. Un copain de fac, Hervé, découvre son corps, éviscéré, pendu par un pied, dans une position de yoga qui sera bientôt définie comme celle de l’arbre, les cuisses lardées de traces de morsures. Hervé panique, forcément, mais, même en 1968, on appelle les flics devant un tel carnage. Le flic, malgré une histoire familiale qui s’annonce compliquée, c’est son grand frère, Jean-Louis Mersch. Un inspecteur de police iconoclaste au volant d’une Dauphine défoncée qui va mener l’enquête avec les deux amis de Suzanne, Hervé et Nicole, la belle Nicole, une rousse, fille à papa. C’est ensuite à Calcutta que fait étape le trio aux trousses du tueur de jeunes filles. » 1

« Comme si ce mois de mai 1968 n’était pas assez compliqué pour les policiers parisiens. Ils font déjà des nuits de plus en plus courtes avec les barricades et les pavés qui volent. Deux étudiantes sont assassinées par un tueur sanguinaire. La mise en scène de ces deux crimes est effrayante. L’enquête tombe entre les mains de Jean-Louis Mersch, un inspecteur de police qui n’est pas vraiment dans les clous. Il balance un sourire qui ressemble à un cran d’arrêt jaillissant d’une veste, écrit à son sujet Jean-Christophe Grangé. Cela tombe bien. Il ne faut surtout pas un inspecteur classique pour une telle affaire qui ne ressemble à rien. Avec deux étudiants, embarqués dans les événements de mai, il va former une équipe hétéroclite, un peu à l’ouest aussi, pour retrouver le tueur. Ils ne savent pas du tout ce qui les attend. L’enquête les conduit en Inde, à Calcutta. » 2

« Un Paris à feu et à sang dans lequel on suit de jeunes étudiants remontés contre la France gaulliste, quelques éléments furieux, un policier infiltré et son demi-frère amoureux de quelques pétroleuses. Grangé choisit ce Paris chaotique pour introduire le crime qui va embarquer le lecteur. Une étudiante est retrouvée nue, dans une position de yoga, méchamment mutilée. Jean-Louis, le flic infiltré, un dur à cuire très limite dans ses méthodes, faisant le coup de poing du côté des gauchistes sans se forcer, en y prenant même un certain plaisir, doit revenir sur terre. La brigade criminelle est mobilisée puisque c’est son demi-frère, Hervé, qui a découvert le corps. L’enquête part sur les fréquentations de l’étudiante estourbie, les maos, les trotskistes, les hippies, les junkies, et tous les groupuscules désireux de mettre à bas la République. Et c’est là que Jean-Christophe Grangé parvient à toujours nous surprendre : il imagine une connexion avec… l’Inde ! Et embarque les deux frères et la meilleure amie de la première victime, Nicole, une petite-bourgeoise excitée par la révolution, vers Calcutta et Bénarès, dans un autre monde chaotique où la vie a peu de valeur, à l’image de ces corps qu’on empile et brûle, de ce Gange qui charrie toutes sortes d’histoires tragiques, de ces palais qui abritent d’étranges sectes. » 3

« L’aventure débute dans le chaos de Mai-68, à Paris, où une première femme est assassinée. Un classique. Mais pourquoi est-elle retrouvée dans une posture de yoga, le corps éviscéré et recouvert de morsures ? Ici, pas de police scientifique qui résout l’enquête en analysant les poils de moquette de la scène de crime. Mais Nicole, 23 ans, une fille à papa passionnée de spiritualité orientale, Hervé, 22 ans, un étudiant en histoire et philosophie dépourvu d’âme révolutionnaire, et son demi-frère Jean-Louis, 34 ans, un flic rongé par le souvenir de l’Algérie. Ce trio attachant infiltre le monde des maos (qui se réclament des théories du dirigeant chinois Mao Zedong), l’univers des hippies et la communauté des Hindous, avant de poursuivre sa traque au bout du monde, à Calcutta, lieu de pratiques mystiques et déviantes. On les suit sur les traces de la Ronde, une secte inspirée d’Auroville, cité utopiste fondée en 1968 près de Pondichéry. » 4

Rouge Kama de Jean-Christophe Grangé, Éditions Albin Michel

1 Julie Malaure, Le Point, 29 juin 2023

2 Didier Gourin, Ouest France, 20 juin 2023

3 Bruno Corty, Le Figaro, 18 mai 2023

4 Gwénaëlle Loaëc, Le Parisien Week-End, 7 juillet 2023

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