Après les deux premiers tomes de la trilogie « Terra Alta », dans le dernier, Melchor Marin s’est retiré de la police dans une petite bourgade comme bibliothécaire à la mort de sa femme assassinée. Les livres, Melchor les aime depuis sa lecture des Misérables. Sa fille, Cosette qui a maintenant dix-sept ans en 2035 s’embarque pour quelques jours avec une amie pour les Baléares. Mais l’amie revient sans elle, Cosette révèle à son père au téléphone qu’elle connait toute la vérité sur la tragique disparition de sa mère dans laquelle il a sa part et qu’elle va rester plus longtemps à Majorque pour réfléchir à comment composer avec ce qu’elle considère comme une trahison. Or bientôt plus rien d’elle. Melchor, fou d’inquiétude, se dépêche vers l’île où il découvre qu’un milliardaire suédois se livre à des trafics sexuels avec des jeunes femmes qu’il séquestre dans sa propriété huppée. Le lien avec le silence de sa fille est vite établi. La puissance de l’argent qui permet toutes les perversités, Melchor les affronte avec les réflexes de flic vite retrouvés lorsque sa fille est en danger. Avec l’aide de ses anciens compagnons de la police, il va mettre du chambard dans la jet-set dépravée. Même si l’auteur se défend dans les interviews d’utiliser le terme de polar pour sa trilogie, les codes du genre y sont bien là. Mais bien plus que suivre ces codes utilisés au pas de course, le thriller rend compte des dérèglements de notre monde et des injustices qui l’écrasent.
« L’admiration de Cosette pour son père – elle est sa vraie raison de vivre – connaît un revirement soudain. Il avait caché à sa fille les raisons de la mort de sa mère, avait essayé de garder dans l’ombre son passé sombre. La vénération de la jeune femme pour son père se transforme alors en ressentiment. Le séjour à Majorque se termine terriblement : elle est kidnappée. Face à l’inertie de la police, il reprend sa liberté d’action. Véritable début de l’intrigue du Château de Barbe Bleue. Il convoque ses anciens compagnons et en ajoute d’autres pour entreprendre le sauvetage de Cosette. » 1
« Encensé comme un héros après avoir tué quatre islamistes lors d’une campagne d’attentats, il avait pris le large pour un poste à Terra Alta. Il a désormais quitté la police, reconverti en bibliothécaire et se consacrant à sa fille Cosette. Quand celle-ci apprend que sa mère n’est pas morte accidentellement mais assassinée en raison d’une enquête menée par son père, elle se sent trahie et part pour quelques jours, avec une amie, aux Baléares. Seulement, son amie revient seule, Cosette étant restée à Majorque. Ancien flic — mais flic toujours… —, Melchor devine que quelque chose ne va pas. » 2
« Loin de Barcelone, Melchor a quitté la police pour devenir bibliothécaire dans un petit village de la Terra Alta. Depuis la mort de sa femme, sa fille est l’épicentre d’une vie rangée. Jusqu’au jour où Cosette ne rentre pas de ses vacances à Majorque. Flic un jour, flic toujours, le père pressent le drame car tout indique que la jeune fille s’est rendue dans la villa d’un milliardaire suédois soucieux de fournir la bonne société en chair fraîche. Un Barbe-bleue des temps modernes, super-hype et friqué. » 3
« Son héros, Melchior, ex-taulard devenu flic grâce à la lecture des Misérables puis reconverti en bibliothécaire, n’a finalement pas abandonné le costume du justicier… Alors qu’il est en conflit avec sa fille, Cosette, celle-ci disparaît sur l’île de Majorque. Melchior appelle alors à la rescousse sa bande de vieux copains, policiers encore en service ou rangés des voitures. Toujours inspiré, le romancier espagnol navigue entre la modernité – liée à #MeToo et aux prédateurs sexuels – et de multiples références à la littérature classique – de Tourgueniev à Kipling en passant par Perrault. Le Château de Barbe-Bleue prend ici la forme d’une singulière forteresse numérique. » 4
« On s’y attendait un peu, mais on se laisse à nouveau séduire, avec un sourire complice. Dans Le Château de Barbe-Bleue, troisième et dernier volet de sa trilogie « Terra Alta », l’Espagnol Javier Cercas ne résiste pas au plaisir – maintes fois expérimenté – de se transformer en personnage de roman. Les autres protagonistes de l’histoire commentent ses derniers livres, les apprécient, les ignorent et parfois dénoncent leur vision un peu faussée de la vérité qu’ils confrontent à la leur. Un jeu de miroirs un brin vertigineux qui permet à l’auteur de résumer d’une simple pirouette le contenu de ses romans précédents. Chez Cercas en effet, le présent se nourrit toujours aux racines du passé. » 5
« Le thriller donne à la fois envie de visiter Majorque et de ne pas s’y rendre ! L’enquête de Melchor Marín débouche sur des révélations à glacer le sang, la corruption et la déviance étant au menu. On ne se lasse pas de ce mélange de légèreté, de profondeur, d’humanité et de suspense qui fait de Javier Cercas un romancier d’exception. Le suspense grandit au fil des pages et quand il n’en reste plus que 40, on est carrément oppressé par la tournure des évènements. Un troisième tome de Terra Alta fort réussi. Un livre sur la solidarité, l’amour et l’impunité, qui intéressera les fans de polars bien ficelés. » 6
Le Château de Barbe Bleue (El castillo de Barba azul) de Javier Cercas, traduit de l’espagnol par Karine Louesdon et Aleksandar Grujicic, Éditions Acte Sud
1 Guillermo Rothschuh Villanueva, Confidencial, 9 juillet 2023
2 Gilles Heuré, Télérama, 15 avril 2023
3 Anne Lessard, Le Télégramme, 25 juin 2023
4 Marie Chaudey, La Vie, 27 avril 2023
5 Mireille Descombes, Le Temps, 27 mai 2023
6 Éric Clément, La Presse, 29 avril 2023